LE PÈRE HUMILIÉ 571
A cette heure où du Sud au Nord il ne veut plus être qu'un seul corps en une seule âme,
C'est vous qui vous rangez contre lui.
ORIAN. — Je ne puis être contre mon père.
PENSÉE. — Ainsi entre la vie et vous, entre vous et moi,
Toujours cet absurde vieillard pour qui le temps ne marche pas !
ORIAN. — Ce qui est raisonnable pour lui l'est bien assez pour moi.
PENSÉE. — Il y a tout un peuple avec moi qui a besoin de vous.
ORIAN. — Et moi, je n'ai besoin d'autre chose que de la joie.
PENSÉE. — Où est la joie autre part que dans la vie ?
ORIAN. — Au-dessus de la vie, et qui d'autre que lui la donne ?
L'origine et le Père qui n'a jamais tort.
Où est la paix autre part que dans le Père qui n'est hors d'aucune chose et qui n'a de haine pour aucune ?
Est-ce le peuple qui a raison? Tous ces aveugles qui crient ! C'est ça de qui vient la vie ? Ah ! je sais que mon cœur est faible et ce qui crie en eux ne parle que trop en moi !
Ce n'est pas par aucune violence que nous entrerons en possession de notre héritage.
PENSÉE. — C'est la joie qui est cet héritage ?
ORIAN. — Héritage vraiment, ce qui ne peut être acquis, ni conquis, ni mérité.
�� �