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LE PÈRE HUMILIÉ 555

Et l'on sait que si l'on rouvre les yeux, ce ne sera pas pour se voir emporté les pieds en l'air par le tintamarre d'une rue comme une eau de moulin, une furibonde et vaine bousculade de ces morceaux coloriés qui sont les voitures et les passants fracassés contre les glaces des boutiques,

Mais ce qui s'offre au regard, c'est une colonne de porphyre entourée d'une guirlande d'or qui s'élève parmi la fumée des sacrifices !

LADY U. — Prince, tout de même, Rome est faite pour autre chose que pour vous tenir lieu de cataracte dans vos vieux jours !

LE PRINCE. — Demain, aujourd'hui même, je la quitte !

LADY U. — Le présent sera peut-être moins beau que le passé. Le présent a toujours tort.

Ça ne fait rien. On vivra tout de même. On s'arrangera n'importe comment. Je vous jure que ce peuple a trouvé un autre moyen d'être éternel que d'être mort. Je vous jure qu'il a sa part à faire dans la vie. Je vous jure qu'il est très décidé à vivre, que cela vous plaise ou pas !

C'est beau aussi d'un bout à l'autre d'un pays un peuple qui se réveille tout à coup avec un grand frisson comme un corps d'homme, et qui s'aperçoit qu'on parle la même langue.

Et que d'un bout à l'autre on n'est qu'une seule pièce, un seul corps dans une seule âme !

LE PRINCE. — Mon pays était sur terre la Pologne pour laquelle il n'y a pas d'espérance.

LADY U. — Il y a toujours de l'espérance ! C'est vous qui me dites qu'il n'y a pas d'espérance et vous avez déjà

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