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PREMIÈRE VISITE AU LOUVRE 527

intolérance, un parti pris qui n'exclut pas la lucidité, que seule importe, en la crise aiguë que nous traversons, la leçon des maîtres français.

En la seule salle Lacaze, ce peintre anonyme du xvi®, qui pourrait être Fouquet, Lenain, Ingres, avec ses dessins prodigieux d'acuité et de style, le Chasseriau « ingriste » et enfin Renoir nous exhortent à chercher le salut dans l'analyse, à n'opérer de synthèse qu'à l'aide d'éléments obtenus par une patiente interrogation de la nature.

La première leçon que nous avons reçue est d'ordre moral. Elle nous a été donnée par des peintres qui, pour la plupart, cachaient leurs procédés, « impHcitaient » leurs intentions. Effacer soigneusement les traces du travail pour donner à l'œuvre d'art l'apparence du naturel, c'est la méthode classique pure. Nous est-il permis de redevenir classiques dans ce sens ? Trop d'éléments étran- gers sont venus s'interposer entre la Tradition et nous, trop d'événements étonnants ont eu lieu, trop de tenta- tives ont été osées, trop d'hypothèses émises pour que nous retrouvions, de longtemps encore, le repos spirituel, la sécurité intérieure qui, seules, permettent l'application paisible de lois infaillibles. Quelque chose d'irréparable a eu lieu, que nous étudierons minutieusement un jour, dont nous établirons la genèse, mais dont nous nous contente- rons aujourd'hui de souligner le caractère essentiel.

Nous voici dans la salle du Couronnement : des affir- mations éloquentes, un épanouissement de formes sculp- turales. L'impression de certitude qui s'en dégage n'est pourtant pas tellement forte que nous ne puissions y discerner l'amorce de l'inquiétude moderne. David ici

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