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524 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

durent emporter en leur atelier, après cette visite, les plus clairvoyants d'entre nous.

Justement, au premier rang de ceux que nous venions voir, nous attendait un voyageur aventureux, reposé de ses fatigues, nous servant d'exemple et de réconfort : Renoir est enfin au Louvre avec un chef-d'œuvre, le portrait de Mme Charpentier, et il nous accueille avec son clair sourire français. On pense à Watteau, trait d'union entre Rubens et nous, mais, par ricochet, on ne peut s'em- pêcher de frémir devant ces reflets de perle, en songeant aux couches successives de vernis dont d'impitoyables « conservateurs » les recouvriront, comme ils ont, sans vergogne, submergé les fraîcheurs de Rubens et de Wat- teau. De chaque côté de Renoir, comme pour nous rappeler que nous vivons à une époque hostile à toute hiérarchie des valeurs, trônent, encombrants et sans beauté, Fantin- Latour, Degas et Dubufe. Nous n'avons aucune admira- tion ni pour Fantin, ni pour Degas, et Dubufe nous paraît à peine plus ennuyeux que ses voisins, dont nous nous con- tentons de respecter l'effort ; à quelque impartialité que nous nous appliquions, nous ne pouvons pas ne pas avouer que l'intérêt documentaire de ces mornes toiles nous semble disproportionné avec leur étendue. La collection Chauchard déshonore déjà le Louvre, mais elle figure à l'écart, et on peut admirer des chefs-d'œuvre, sans passer par cette boutique de bric-à-brac où règne Meissonier le premier « intrus ». L'enterrement à Ornans est resté des années en pénitence dans la salle sombre que l'on lait. Pourquoi n'infligerait-on pas *ux toiles de Dubufe, de Fantin et de Degas, d'où la couleur est totalement absente, et où la forme est exclusivement

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