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question de temps et de moyens : leur condamnation était écrite lisiblement dans l’histoire. Il n’y a eu qu’à faire ce qu’il fallait. Mais par leur suppression même, d’autres ont été libérées qui grouillaient par-dessous et qui sont maintenant pour nous à vaincre ou à subir. Notre victoire ne les atteint nullement. Au contraire, elle ne fait que leur donner incitation, courage et conscience. Et voici qu’elles se dressent contre elle avec une résolution dont elles avaient été jusqu’ici incapables : elles la contestent radicalement ; elles manifestent ouvertement leur intention de la réviser.

Cette guerre des démocraties contre l’autocratie, que nous avons cru ou voulu croire être toute la guerre, elle a duré bien longtemps. Ce fut un tort de sa part. Pour une question si limpide et, en principe, si bien réglée à l’avance, tant de lenteur fut une faute. Car dans la vaste machine des peuples au travail les uns contre les autres, une usure intérieure s’est produite ; un plus grand nombre de valeurs que certains n’auraient voulu ont été soumises à l’examen, au doute, à la détérioration. Notamment le libéralisme. Jusqu’au bout il a paru mener le jeu ; mais il était déjà sérieusement accroché par de nouveaux et solides adversaires ; il traînait une grappe de lutteurs sur son dos ; une pesée formidable s’exerçait sur lui tout le temps. Et le voici qui sort plus que fatigué de l’affaire.

Il tient son ennemie, l’autocratie, sous son genou. Mais dans l’obscure bagarre, dans ce corps à corps de quatre ans, il semble bien qu’il ait reçu un mauvais coup, lui aussi. On était trop près les uns des autres. C’était fatal qu’il lui arrivât quelque chose. Il est vainqueur, c’est entendu. Mais il a bien mauvaise mine. Il y a des contu-