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RÉFLEXIONS SUR l'ALLEMAGNE 39

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��Oui, vous l'avez bien dit : les Germains sont de piètres psychologues ; et leurs plus remarquables erreurs dans cette guerre révélatrice sont des erreurs de psychologie. Mais il ne suffit pas de constater ceci ; il faudrait expli- quer pourquoi.

Leur puissance au contraire, et ce qu'on pourrait appeler leur vertu, vient d'une extraordinaire difficulté pour l'individu de leur race à se détacher du commun, de la masse, disons le mot : à s'individualiser. Il ne s'op- pose à rien, n'a pour ainsi dire pas de forme propre, ou si l'on préfère, il attend du cadre sa forme ; de là sa soumission à la méthode, aux règles, à toutes les véné- rations ; il ne trouve pas d'intérêt à désobéir et n'en éprouve pas le besoin. Il croit que c'est parce que sa règle est parfaite ; mais c'est aussi bien parce que lui, sans règle, est imparfait.

En littérature, leur impuissance à créer des figures est remarquable. Ils n'ont ni dramaturges, ni roman- ciers. Le peuple d'alentour ne leur présente pas de figures ; en présenterait-il, eux ne sauraient point les dessiner ; ils ne savent pas se dessiner eux-mêmes ; et plus absolu- ment ils ne savent pas dessiner.

C'est là que fait failHte leur culture. Le grand instru- ment de culture, c'est le dessin, non la musique. Celle-ci déséprend chacun de soi-même ; elle l'épanouit vague- ment. Le dessin, au contraire, exalte le particuHer, il précise ; par lui triomphe la critique. La critique est à la base de tout art.

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