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458 V LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

reprendre. Mais dans le jugement indigné et parfois sommaire qui nous est présenté ici, que d'attendus frappants qu'il ne faudrait que nuancer et qui donnent la clé de la grandeur et de l'impuissance du maître ! « Emma était, de tempérament, plus sentimentale qu'artiste, cherchant des émotions et non des paysages », écrit Flaubert. « Texte succulent, dit Gilbert. 11 réduit l'art à la description et bien entendu à la description physique. » Pas tout à fait, non ! pas toujours ! mais souvent hélas ! et voici qui semble plus important dans l'affaire : « Flaubert (l'impassible Flaubert) était persuadé d'avoir renvoyé ses personnages dos à dos. De fait, il les a tous flétris (rapetisses, du moins). Grave erreur qui confond l'art et r impersonnalité comme s'il y avait aucune possibilité d'art ou comme s'il pouvait exister un style, un langage, sans un sujet qui nomme, sans un homme qui donne au verbe sa personne. » Là gît précisément toute la difficulté ; faire passer l'inflexion du créateur^ dans la voix de sa créature sans en altérer le timbre authentique. — Je ne puis, dans les limites d'une note, compter tous les trésors encore mêlés d'un livre si vivant et si nombreux. Les articles sur le théâtre dont Gilbert rendit compte pendant plusieurs saisons, demande- raient à eux seuls une étude spéciale ; mais son talent s'exerce ici sur de si médiocres objets, qu'il ne<peut donner sa mesure. Nous n'oublierons cependant pas l'indication précieuse qu'il nous propose en travaillant à rendre toute son impor- tance à la notion du « public ». Les dramaturges qui font de l'art, oublient souvent d'en tenir compte. — Reste la partie politique du livre. Elle flatte trop mes préférences pour que j'accepte d'en parler. Mais ne pourrait-on pas dire de l'art de demain ce que je lis ici du gouvernement des Etats ? et quelque conclusion qu'on adppte, l'avenir n'est-il pas tou- joursle fruit de la leçon, bien ou mal entendue, bien ou mal suivie, du passé ?

II!;N'RI r.HKON

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