36 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
car il n'est pas de pire erreur qu'une vérité susceptible d'affaiblir le bras qui combat.
A la faveur de cet aphorisme, nous en a-t-on fait voir ! Comme si notre cause, pour paraître bonne, avait besoin d'être fardée ! Comme si la vérité n'était pas plus encou- rageante, plus probante, plus bienfaisante que tous les mensonges ! Mais pour peu qu'elle paraisse gênante, on la contourne ; et ce faisant on se l'aliène, tandis qu'elle venait à nous comme une amie qu'il eût suffi de mieux comprendre.
Et comment ne comprenez-vous pas, vous qui voulez rejeter tout de l'Allemagne, qu'en rejetant tout de l'Alle- magne vous travaillez à son unité ?
Quoi ! nous avions un Gœthe en otage, et vous le leur rendez !
Quoi ! Nietzsche s'engage dans notre légion étrangère, et c'est sur lui que vous tirez !
Quoi ! vous escamotez les textes où Wagner marque son admiration pour la France ; vous trouvez plus avan- tageux de prouver qu'il nous insultait !
Nous n'avons nul besoin, dites-vous, des applaudis- sements d'outre-Rhin.
Comment ne comprenez-vous pas qu'il ne s'agit pas de ce que ceux-ci nous apportent, mais bien de ce que ceux-ci leur enlèvent. Et cela n'est pas peu de chose, si c'est l'éhte du pays.
Cela n'est pas peu de chose, — tandis que le meilleur de la pensée de la France, que toute la pensée de la France travaille et lutte avec la France, — que le meilleur de la pensée allemande s'élève contre la Prusse qui mène l'Allemagne au combat,
�� �