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408 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

par conséquent ils ne peuvent pas l'offenser et par consé- quent ils ne peuvent pas pécher comme nous. Ils n'ont pas cet affreux privilège de (pouvoir) pécher comme nous. C'est tout le système d'un Polyeucte et sans parler d'un Godefroy de Bouillon c'est tout le système d'un saint Louis.

C'est tout le système de mesure, de pensée d'un Polyeucte. Quand le chrétien est en présence du païen, quand le chrétien entre en comparaison avec le païen, (et il est toujours en présence du païen, il entre toujours en comparaison avec le païen), il ne suffit pas que le chré- tien vainque en lui-même et pour lui-même et dans son système de mesure et de pensée. Il ne suffit même pas si je puis dire qu'il vainque pour Dieu. Et devant Dieu. Il faut encore en outre qu'il vainque pour l'autre. Il faut encore qu'il vainque dans le système de l'autre. Polyeucte ne se contentera pas à moins. Il faut qu'il vainqije aussi dans l'honneur qui est dans le système de l'autre. Et comme lui regrette Sévère, il faut, il veut que Sévère aussi le regrette. Comme lui regrette que Sévère ne soit pas chrétien, il faut, il veut que Sévère aussi regrette que Polyeucte ne soit pas demeuré païen. Ce regret de Polyeucte au cœur de Sévère, c'est le seul point vulné- rable qu'il puisse y avoir dans le cœur de Sévère, ne l'oublions pas, car c'est le seul point de recours que nous y ayons contre l'habitude (et ici nous retrouvons les irrévocables acquisitions du langage bergsonien, de la pensée bergsonienne). (Et que nous ne pourrions point pousser ainsi à fond ces analyses du cœur chrétien si un Bergson aussi n'était point intervenu). Sévère est un homme habitué à tout ; et par conséquent qui ne mouille

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