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NOTE SUR M. DESCARTES 403

dieux. Et il sera trouvé meilleur de la quantité juste, qui est l'infini, mais de rien de plus. Et dans la composition de cet infini si je puis dire il n'entrera pas un atome de frauduleux.

Telle est la poétique de Corneille. Une immense et constante comparaison loyale. Une immense et constante comparaison de beauté. Une immense et constante com- paraison de grâce et de force. Le combat de Rodrigue et du comte étendu à tout le monde. Et à Dieu même. Le combat de Dieu étendu à Dieu même. Et Dieu n'y sera aucunement avantagé. C'est-à-dire qu'il n'y recevra aucun avantage supplémentaire, aucun avantage fraudu- leux, aucun avantage en plus si je puis dire de ses avan- tages naturels qui sont les avantages de sa nature et de sa grâce. Ce n'est pas lui qui a peur que Dieu ne soit pas assez fort. Dans les combats. Dans les comparaisons. Ce n'est pas lui qui ajouterait des preuves de l'existence de Dieu. Qui en mettrait de trop, comme nos théologiens. Ce n'est pas lui qui a peur que Dieu ne soit pas assez bien comme il est.

Telle est l'éclatante et unique beauté de Polyeucte. Ce n'est pas seulement que la pensée jaillisse pleine et intacte dans la poétique et que la proposition demeure pleine et intacte dans le vers. C'est que le saint et le martyr et que Dieu même n'y reçoivent aucun accroisse- ment frauduleux. Il ne leur en met pas de trop.

Voilà l'éclatante et unique beauté de Polyeucte. C'est ce magnifique dévêtement du saint, du martyr et de Dieu. C'est ce désarmement magnifique. Nul manteau de vertu, de nos maigres vertus. Les Théologales seules. Nul manteau de nos fausses vertus. Nul manteau magique.

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