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402 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et de l'autre ne sont plus qu'une aigre et sèche et mauvaise petite comédie de séminaire, faite pour être jouée le jour de la distribution des prix.

C'est en ce sens, au sens d'un honneur et d'un amour qui se nourrissent mutuellement, qui sont de la même race-, de la même noblesse, de la même famille. Et qui sont respectivement l'objet de cultes conjugués. C'est en ce sens que le Cid est la tragédie du noble jeu comme le Menteur est parallèlement et conjointement la comé- die du noble jeu.

Tout est honneur et tout est amour dans Corneille et tout est confrontation loyale et noble et beau et jus te jeu. Avant tout, que rien ne soit faussé. Que ce grand combat constant se livre en pleine égalité. Que nulles chaînées ne soient favorisées. Que nulles chances aussi ne soient frau- duleusement diminuées. Le contraire de Corneille et ce qu'il combat et vise et atteint diamétralement, ce n'est pas la faiblesse, c'est la fraude. Voilà le seul ennemi, et le honteux objet du seul bannissement. Mais alors d'un bannissement total.

Ainsi se poursuivra dans la grande œuvre cornélienne le perpétuel affrontement, la comparaison constante, la constante confrontation des êtres et des vies, des per- sonnages et des thèses. Dieu même est honnête homme et devant Dieu la thèse de Dieu même ne sera point avantagée. Ce qu'il y a de plus fort et de plus grand dans Polyeucte, c'est certainement l'absence totale de fraude pieuse ; et de cette exécrable dévotion frauduleuse.

C'est la poétique de la comparaison ; et de la compa- raison parfaite. Dieu sera comparé, comme les autres ; loyalement, comme les autres ; il sera comparé aux faux

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