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NOTE SUR M. DESCARTES 399

notamment dans le Cid, où cela éclate. Ni l'honneur n'est estimé ou maigrement aimé d'une maigre estime et d'un maigre amour de morale, s'il y a des amours de morale, ni l'amour n'est honoré ou flétri d'un maigre et livresque sentiment de morale ou d'immorale. Cela éclate dans le Cid, où toute cette jeunesse, la plus belle et la plus jeune jeunesse qu'on ait jamais mise en poétique, aime l'honneur d'amour et comme un amour, honore l'amour d'honneur et comme un honneur. C'est pour cela que Thonneur et l'amour sont toujours présents l'un à l'autre ; et l'autre à l'un. C'est pour cela que l'honneur et l'amour sont constamment compénétrés, mutuellement pénétrés. C'est pour cela aussi qu'ils peuvent constamment s'affronter et ensemble jouer le noble jeu.

Il ne faut jamais croire un poète sur ce qu'il dit. Cor- neille moins que tout autre. A cause de ce grand manque d'orgueil, et qu'il en manquait plus que tout autre, et par suite à cause de cette grande et admirable naïveté. Pour lui plus que pour tout autre il faut faire attention à ce qu'il a fait, et non pas à ce qu'il dit qu'il a fait. Il dit qu'il a fait le conflit du devoir et de la passion. Mais il a fait l'immense débat, l'immense haison et déliaison de l'honneur et de l'amour.

L'amour est un plaisir, l'honneur est un devoir.

Ne l'en croyons pas. L'amour, (je dis dans son système de pensée, dans son système de sentiment, et dans sa poétique, et dans son système de la vie), l'amour est un honneur, et l'honneur est aimé. Ou alors je dirai plus. Pour ces admirables jeunes gens, près de qui tout est vieux, près de qui tout est ridé, l'amour est un plaisir et l'honneur

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