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39^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ment à égalité. Et c'est en ce sens qu'elle est essentielle- ment une poétique du noble jeu.

L'impair, le décalé, le porte à faux, c'est le romantisme même, c'est le secret du romantisme. Et ce n'est pas un secret bien malin. C'est un bien pauvre secret. C'est un secret de mécanique et c'est un secret de raideur. Le beau secret, le profond secret du classique, (et jamais et nulle part il n'est aussi beau et il n'atteint aussi profondé- ment que dans Corneille), le secret du classique et éminem- ment du cornélien c'est le pair et le comparable, c'est le loyal et c'est que tous les mondes et que tous les êtres y soient à égalité.

Sans doute c'est le débat (tragique, une fois comique, toujours également poétique), sans doute c'est le débat de l'honnein: et de l'amour. Mais c'est un débat essentielle- ment pair et plus que pair, c'est un débat pénétré et com- pénétré. Mutuellement lié. Mutuellement pénétré. Car, et nous atteignons ici au secret même, au point de secret de la poétique et du génie de Corneille : L'honneur est aimé d'amour, l'amour est honoré d'honneur.

L'honneur est encore un amour et l'amour est encore un honneur.

On n'entend rien au tragique et au comique et à la poé- tique de Corneille si on n'y veut voir qu'un conflit pour ainsi dire intellectuel et livresque entre le devoir pris au sens des moralistes et la passion prise aussi au sens des moralistes. Infiniment autre, infiniment plus grave et plus réel est le débat et en même temps la déliaison et en même temps la liaison. Il ne fait aucun doute que dans Corneille l'honneur est aimé d'amour, et notamment dans le Cid, où cela éclate, et quo l'amour est honoré d'honneur.

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