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NOTE SUR M. DESCARTES 395

aussi exact, aussi heureux dans les approfondissements et dans les perspectives et dans les échelonnements de la pensée tout en demeurant poète et lui-même et ferme et heureux dans les formes de la poétique. Et non seulement dans la tragédie où l'on croit que c'est plus facile et où ça semble peut-être plus indiqué, mais, et autant, dans la comédie même, qui signifie plus, étant sans appareil. La même tendresse secrète et la même noblesse et la même ardente et ferme jeunesse qui anime et soulève et peuple le Cid anime aussi et soulève et peuple également le Menteur. C'est le même poète et c'est le même être et la même grandeur sur deux plans parallèles. C'est la même pièce et la même poétique sur deux plans conjoints. Et la comédie même prouve plus ; justement parce qu'elle est la comédie. C'est la même pièce qui se joue deux fois, une fois sur le plan du tragique et une fois sur le plan du comique et jamais on n'avait vu si évidemment à quel point le tragique et le comique sont deux plans parallèles conjoints du même art, classique, du même être, des mêmes hommes, du même temps. Et il est merveilleux de considérer à quel point le Menteur n'est pas la comédie du Menteur, ni du menteur, ni du mensonge. Et à quel point elle est uniquement la comédie de l'honneur et de l'amour (et un peu aussi du hasard).

Le Menteur est la comédie de l'honneur et de l'amour comme le Cid en est la tragédie et comme Horace est la tragédie de l'honneur et de l'amour et comme Cinna est la tragédie du pouvoir et comme Polyeucte est la tragédie de la foi (et en deuxième de l'amour).

Car il faut bien s'entendre quand on dit, (avec les con- temporains de Corneille et avec Corneille lui-même),

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