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NOTE SUR M. DESCARTES 393

doit être la proie de celui qui ne pense qu'à dominer.

Quand on voit dressé l'immense appareil de l'empire, quand on compare elles-mêmes ces deux races de la guerre, celle qui compare et celle qui domine, celle qui combat et celle qui vainc ; quand on mesure ces deux systèmes, celui qui mesure et se mesure et celui qui domine, et d'un côté ces immenses bureaux de commandement, et de l'autre côté tant de désordre, on est convaincu que la domination a depuis longtemps exterminé la liberté. Et que celui qui domine a depuis longtemps dominé celui qui (se) mesure. Et que celui qui vainc a depuis longtemps vaincu celui qai combat. Comment n'en serait- il point ainsi. C'est mathématique. Les forces que l'autre emploie à se mesurer, il ne les a plus pour dominer. Les forces qu'il emploie à se battre, il ne les a plus pour vaincre. Les forces qu'il emploie à être juste, il ne les a plus pour être fort. Il est mathématiquement diminué d'autant. Et lui qui livre la lutte pour l'honneur dans un monde où tout le monde livre la lutte pour la vie, comment n'aurait- il pas, et depuis longtemps, et depuis toujours, disparu de la face de la terre.

Evidemment c'est un problème. Et je dirai que c'est un mystère. En fait celui qui se mesure a quelquefois été trouvé plus grand. Et il a quelquefois dominé. Celui qui se bat a quelquefois vaincu celui qui vainc. Celui qui a voulu être juste a quelquefois été trouvé plus fort. L'empire a quelquefois écrasé la hberté. Par ses moyens à elle la liberté a constamment travaillé l'empire.

Comment celui qui perd son temps, ses forces à se modeler pourrait-il tenir le coup contre celui qui ne pense qu'à frapper. Le fait est seulement qu'il a tenu le coup et

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