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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le déterminisme, (dans la mesure où il est pensable), serait la loi de l’immense déchet.

(Et s’il n’est pas pensable par une pensée vivante, par un être pensant, c’est précisément peut-être parce qu’il est la loi de ce qui n’est plus dans le vivant, de ce qui n’est plus dans l’être, du déchet).

Un être qui meurt est un être qui arrive à ce point, à cette limite, d’être complètement envahi, complètement occupé par son déchet, par l’immense déchet de sa mémoire.

La poudre et le débris, l’immense débris de son habitude.

Du bois mort c’est du bois extrêmement habitué. Et une âme morte c’est aussi une âme extrêmement habituée.

Du bois mort c’est du bois habitué à sa limite. Et une âme morte c’est aussi une âme habituée à sa limite.

Et il est extrêmement remarquable que la mort spirituelle, que la mort de l’âme est représentée dans le langage traditionnel de l’Église comme le résultat (et nous pourrons dire comme la limite) d’un endurcissement. Il faut se garder de voir là une métaphore. D’ailleurs il n’y a jamais de métaphore. Quand on parle de l’endurcissement final et de l’impénitence finale il faut bien entendre un phénomène réel d’induration qui rend l’âme comme un bois mort. C’est bien une incrustation spirituelle, un revêtement de l’habitude qui empêche désormais l’âme d’être mouillée par la grâce.

Toute la matière spirituelle pour ainsi dire, toute la matière de l’âme est alors affectée au revêtement de l’habitude, consacrée au revêtement de l’habitude, dévorée par l’habitude pour être, pour devenir ce revêtement.

C’est proprement une dégénérescence et c’est même une