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NOTE SUR M. DESCARTES

mémoire et en elles les conditions de l'endurcissement de l’habitude. De l’encrassement de l’habitude.

Or si la philosophie bergsonienne a été la première dans l’histoire du monde qui ait été à la mémoire (et en elle à l’histoire) comme au cœur de la difficulté, si la philosophie bergsonienne a été la première dans l’histoire du monde qui soit allée directement et centralement et par une démarche qui a tous les caractères de la démarche directe et immédiate du génie, si elle est la première qui soit allée axialement à matière et mémoire comme aux deux termes, aux deux pôles rapidement dégagés du problème le plus profond, qui ne voit par ce nouvel aspect, qui ne revient à voir, qui ne recommence à voir quel immense commandement la philosophie bergsonienne, pour la première fois dans l’histoire du monde, nous a donné sur les difficultés profondes, sur les difficultés centrales et axiales de ce problème de la grâce qui est sans doute lui-même le plus profond problème chrétien.

Dans ce problème de la grâce Corneille s’est réservé, Corneille s’est donné la grâce même et il ne nous a malheureusement laissé que la disgrâce. Il s’est donné la part de la grâce et il ne nous a malheureusement laissé que la part complémentaire, qui se trouvait être par définition la part de la disgrâce. Il s’est attribué la merveilleuse démarche de la grâce, il ne nous a laissé que les disgrâces et les inquiétudes de la contre démarche et des limitations de la démarche. Il s’est donné l’efficience, il ne nous a laissé que la déficience. Il s’est donné l’efficace, il ne nous a laissé que les manquements.

Il s’est donné la sève et la fleur et le bourgeonnement.