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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et rien à perdre. Il ne pouvait que gagner. Mais à partir d’un certain moment, qu’il resterait précisément à situer, et dans le temps, et dans le lieu, à ce certain moment commence une malheureuse ère seconde où nous pouvons gagner ou perdre.

Une ère misérable, petite, qui est la nôtre, et qui est l’ère même de la militation.

Et de la limitation.

Et qui est à présent pour toujours.

Ce qui revient à dire, et très simplement, que la grâce même, comme entrante dans le monde, comme s’introduisant, comme opérante dans le monde, n’a point été soustraite, ne s’est point soustraite aux conditions générales de l’homme et du monde et que pour la grâce aussi et pour la révolution chrétienne c’est le commencement qui a été le plus beau. Pour la révolution chrétienne aussi il y a eu une aube.

Et le premier soleil sur le premier matin.

Ce qui revient à dire que c’est une autre face du mystère de l’incarnation. Et homo factus est. De même que Jésus a été vraiment et littéralement fait homme, de même qu’il a été fait homme loyalement et sans tricherie, ainsi vraiment et littéralement, par un mouvement parallèle et conjoint, et peut-être inclus, par une incarnation peut-on dire parallèle et conjointe et peut-être et sans doute incluse, loyalement et sans tricherie la grâce a été faite temporelle et historique, loyalement elle est entrée dans les conditions générales de l’homme et du monde, et entre toutes dans les conditions dominantes et dans celles où se ramassent peut-être toutes les autres et qui sont les conditions de la