LE DIALOGUE AVEC GÉRARD 349
cherche à se faire mouiller. Triomphe, voilà sa manche trempée I II revient, s'esclaffe aux mots bien sentis d'Antonin. Ils repartent. Un temps de silence un peu triste. Puis :
GÉRARD. — Et Brossard ? Tu devais me dire du mal de Brossard ? Ah ! mais, d'abord, que je me cuirasse... Voilà, vas-y.
ANTON IN. — Brossard vous prend par le bras, vous met le bras autour du cou. On se dit : « Conmie il m'aime ! Tout le monde ne me prend pas par le bras comme ça ! » Mais observe im peu : Pierre, Paul, Jacques, le premier que tu lui amèneras, tous il les prend par le bras, tous il les aime ! C'est un professionnel de l'attachement, simple- ment parce qu'il ne s'attache à personne, qu'il n'aime que ses idées, son influence, ce qu'il appelle son apostolat. C'est pourquoi je te dis sans plus, mais très sérieusement, que je crois qu'il n'a pas im intérêt vraiment réel, per- sonnel, pour toi pas plus que pour les autres. Quant à moi, je crois, je suis sûr que, le jour où il y aurait quelque chose à faire pour moi au poirit de vue moral, Brossard ne le ferait pas.
GÉRARD, avec une force extraordinaire. — Oh ! si, il le ferait ! Tu n'as pas le droit de croire ça !
ANTONIN. — Comment, je n'ai pas le droit !
GERARD. — Non !
ANTONIN. — Ah I comme tu affirmes ! Comme tu dis que je n'ai pas le droit ! Non, là, tu ne te souviens pas ; ce n'est pas de l'entendu à la maison. Eh bien! c'est beau d'affirmer ainsi l'attachement que les gens ont pour vous. C'est propre, cela prouve un caractère...
GÉRARD. — Oh ! là, là, un caractère ! Tu ne me
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