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LE DIALOGUE AVEC GERARD 347

de quelqu'un qu'il est tout à fait intelligent. A quoi recon- nais-tu, toi, que les gens sont intelligents ?

GÉRx\RD. — Je trouve intelligents les gens qui com- prennent ce que je dis.

ANTONIN. — Ah ! comme tout tourne autour de toi ! Et tout le temps c'est ainsi. Je pensais à Dejoie et à sa mort, et voici que nous causons, et la vie m'a repris.

GÉRARD. — Tiens, un qui n'est pas intelligent, c'est Chaumont. On m'a donné pour ma fête un accu... un accu de vingt-cinq francs... (je n'ai pas reçu que ça, naturel- lement.,.) Eh bien ! je lui demandais hier un renseignement dessus, il n'a même pas été capable de me le donner. . ANTONIN. — Non, non, là mon ami, tu dérailles. Quelqu'un peut être très intelligent et ne pas connaître le fonctionnement d'un accu. Ainsi moi, qui ne sais pas au juste ce que c'est... {Gérard éclate de rire.) Tu crois que ce n'est pas possible ? Ah ! je vois, tu vas encore prendre des airs protecteurs avec moi.

GÉRARD. — Mon cher, quelqu'un d'intelligent, c'est Brossard.

ANTONIN. — Ton professeur de lettres ? Je le con- nais bien ; j'ai été jadis avec lui ; nous sommes restés un peu en relations. Défie-toi de lui. C'est un de ces types qui agissent en vue de leurs idées, et non en vue de tel et tel être. Tu comprends ?

GÉRARD avec une impétueuse gravité. — Explique- moi. [Inconsciemment il ralentit le pas.)

ANTONIN. — J'aime beaucoup quand tu dis : « Ex- plique-moi». Seulement, je te préviens, c'est encore pour te dire du mal de quelqu'un. Mais est-ce de ma faute ?

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