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3l8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

�� ��Mme GENEVIÈVE BONNIOT-MALLARMÉ.

Les lecteurs de la Nouvelle Revue Française auront appris avec une profonde tristesse la mort de Mme Bonniot, née Geneviève Mallarmé. La Nouvelle Revue Française, qui manifesta toujours pour Stéphane Mallarmé le respect et l'admiration que l'on sait, prend une part très vive à ce deuil. Mais nous ne pensons pas pouvoir exprimer nos sentiments mieux que ne le fit, dans le dernier numéro du Mercure, notre collaborateur Paul Valéry :

« Tous les amis du grand poète se souviennent de la jeune fille qui les accueillait avec tant de grâce dans le petit appar- tement de la rue de Rome ; qui plaçait auprès de son père une fine et claire figure de l'amour filial le plus tendre et le plus empressé ; et qui disparaissait à la faveur de la fumée que nous faisions, vers le moment que la causerie allait se fixer ou se fondre dans ce monologue incomparable dont ceux qui ne l'ont pas entendu ne peuvent imaginer la merveille.

« La voici qui s'est retirée à jamais. Elle nous abandonne l'adorable Eventail que son père lui avait fait des mots les plus doux, des images les plus délicates, de la substance idéale la plus précieuse ; poème d'une perfection, d'une mu- sique et d'un charme si rares que ce serait le chef-d'œuvre de Mallarmé, s'il y en avait un.

« A ce père elle avait consacré tout le zèle que puisse souhaiter un poète. Avec l'aide du docteur Bonniot, son mari, dont le dévouement à la gloire de Mallarmé était l'égal du sien, elle a publié le volume des Poésies et le Coup de dés. D'autres publications, que sa mort n'empêchera pas de paraître, ont jusque dans les derniers jours occupé sa pensée.

« Geneviève Bonniot reposera auprès de ses parents dans le petit cimetière de Samoreau où nous avons laissé Mallarmé un jour du mois de septembre 1898, par le plus éclatant et le plus implacable Après-Midi. »

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