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��NOTES

��VOYAGES D'UN SÉDENTAIRE, par Francis de Mio-mandre (Émile-Paul).

M. Francis de Miomandre appartient à cet ordre de natures heureuses et peut-être de gens heureux (mais il porte une chemise et, si j'en crois certaines pages de son livre, elle est du bon faiseur, et il ne nous dissimule pas tous les ennuis qui se rallient au drapeau blanc auquel nous avons cou- tume de nous incorporer), de gens peut-être heureux qui, en tous cas, ont au moins le bonheur certain d'habiter un monde qui leur appartient et qu'ils gouvernent en toute souveraineté. Ce monde, c'est lui-même évidemment, et les Voyages d'un sédentaire sont la tournée d'un propriétaire qui porte tous ses biens avec lui, mais M. de Miomandre, je l'ai déjà dit, n'est pas un philosophe nu. Il ne se complète pas seulement, comme Herr Teufelsdroeck, par des habits, mais par tout un petit peuple environnant, toute une limaille de fer qu'attire incessamment l'aimant sympathique de ce charmant esprit et dont les dix promenades Autour de ma table nous donnent l'inventaire minutieux. (La seconde partie du volume, recueil de chroniques parisiennes d'été, n'a pas le même intérêt.) Car la table de travail de M. de Miomandre est un monde, une forêt de symboles qui observent l'artiste avec ces regards si familiers ! Personne depuis Andersen et le Grillon du foyer n'a plus délicatement animé les êtres fabriqués parmi lesquels nous vivons. Ce n'est pas lui qui hésiterait, comme Platon,

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