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284 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et l'agneau, puis a souri, « voyant que son œuvre était bonne. »

Je n'ai pas lu le livre de M. V. de Pallarès contre Nietzsche, mais dans « la Coopération des Idées », à propos de ce livre, quelques pages de M. G. Deherme, qui l'ap- prouve tout en se demandant d'abord si Nietzsche a suffisamment d'importance pour que cela vaille encore la peine d'en parler. •

« Pour bien apprécier l'œuvre de Nietzsche, il faut savoir ce que fut l'homme. M. de Pallarès nous montre donc Nietzsche enfant prodigue (ou prodige ?) disciple de Schopenhauer et de Wagner, critique se tournant avec fureur contre son maître, contre son ami d'hier, souffrant de tous ses nerfs, mégalomane, évangéhste, Zarathustra, puis sombrant dans la démence complète douze ans avant de mourir. Impulsif, instable, obsédé, neurasthénique, pharmacomane, ce fut un faible et un abouUque. C'est pourquoi il ne parle que de ce qui lui manque surtout : la force et la volonté. »

C'est l'accusation qu'on jetait au crucifié : « Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même ! » Je la reconnais. Je ne rap- proche point ici le Christ de Nietzsche, — encore que M. Binet-Sanglé nous ait démontré naguère que le Nazaréen n'était lui aussi qu'un malade et qu'un fou — je rapproche seulement cette absurde accusation qu'on leur lance et qui procède exactement de la même incompréhension. Il est d'usage à notre époque de chercher aux mouvements de la pensée une cause physiologique ; et je ne dis pas qu'on ait tort ; mais je dis qu'on a tort de chercher à invalider par là la Valeur propre de la pensée.

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