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NUIT A CHATEAUROUX 243

ajouter entre parenthèses une courte description chaque fois que tu prononçais le mot été ou le mot printemps... Au printemps (quand les feuilles poussent). En été (quand le blé mûrit). Tu affectais de te tromper et tu appris tous les fruits des tropiques pour les loger dans l'hiver. C'était justement l'hiver, il te conduisit, furieux, à la fenêtre, te montra la neige, te la fît toucher, tu bondis et revins im quart d'heure après, chargé de bananes, d'ananas et de mangues, mais enrhumé pour quatre jours. Nous nous amusions aussi à lui donner de faux renseignements sur ces quatre saisons. L'été (quand les femmes meurent). Le printemps (quand les enfants nais- sent).

Dis-moi tout ce qui est arrivé à la pension après mon départ. As-tu revu Mimi Eilers ?

Mon cher Jean,

Je ne suis resté que vingt jours à Munich après toi. Voici les dernières nouvelles, elles datent de seize ans. Mais cela prolongera ton passé de trois semaines. La Vierge forte est retournée à Halle avec toutes les pho- tographies des tableaux de la Pinacothèque où l'on voit des héros grecs de face. Tous les Bellérophon et les Icare de profil, elle les a dédaignés. Tu te rappelles d'ail- leurs que dans la rue elle nous accueillait avec des clameurs de joie si nous marchions droit sur elle, et nous saluait à peine si nous l'effleurions de côté. Les Grizzi devaient partir, le frère peintre pour Florence, le frère électricien pour Fribourg, mais leur mère arriva de Rome, ravis- sante, avec des malles à couronne de comtesse, et l'élec- tricien partit pour Florence, le peintre pour Fribourg,

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