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nom ; son dernier poste avait été Cognac, garnison des Tchéco-Slovaques :

— Nasdar ! dit-elle en entrant.

— Sdar ! répondit mon voisin.

Et tous dans l’hôpital étaient ainsi dressés : c’est le salut des généraux et des soldats tchéco-slovaques... Elle me fit épeler mon nom comme on l’ordonne aux aphasiques, dire ma naissance, comme aux alcooliques, mon âge, comme à ceux qui vont périr de vieillesse, me rassura et disparut.

— Dobra notché, cria-t-elle de la porte, car elle avait habité Hyères, garnison des Serbes, qui se souhaitent ainsi bonne nuit.

— Tché, cria mon voisin.

... Ainsi j’étais dans Châteauroux, où je fus interne sept ans et où jamais je n’étais revenu depuis les prix de rhétorique. Mon dernier soir dans cette ville, j ’étais coiffé de neuf couronnes. Or... la fenêtre, aujourd’hui, donnait sur le Jardin public, sur les faubourgs et les prairies de l’Indre, comme autrefois celle de mon dortoir, et de Châteauroux, depuis dix-huit ans inconnu, je reconnaissais chaque bruit : ce glissement que je croyais de la rivière lointaine et qui était d’un petit canal tout proche; cet ébranlement, le même, quand passait le train, car j’étais de nouveau parallèle à la ligne Paris-Montauban ; ces battoirs là-bas qui battaient autour de ce que je croyais un étang et qui était, je le comprenais ce soir, la soirée heureuse ; mes amis qui maintenant peuplaient la ville faisaient juste, juste le même bruit que leurs pères ; ces écoles de clairons, qui s’exerçaient dans le silence du crépuscule, pour entendre l’écho de letus fautes ; ce froissement dont je n’ai jamais trouvé la cause, comme une lutte