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��DIALOGUES DES OMBRES PENDANT LE COMBAT

I

SCIPION, TÉRENCE.

TÉRENCE. — Puisque la bataille a repris, je pensais bien, Scipion, vous trouver sur cette roche avancée, contemplant la cohue de ceux que le combat fait refluer vers nous.

Scipion. — Combien crois-tu qu'il en soit tombé, depuis le petit jour ?

TÉRENCE. — Je regarde s'écouler ce fleuve, tous ces visages pareils, ces yeux ouverts, ces bouches qui crient, ces ennemis mêlés un instant, comme de l'huile battue dans de l'eau, et qui déjà se séparent en deux courants hostiles...

Scipion. — Combien sont-ils tombés, crois-tu, en cette seule matinée, en ces sept ou huit heures qui auront un grand nom dans l'histoire ?

TÉRENCE. — Ah! Scipion, que peut bien vous importer? Craignez-vous qu'ils ne soient plus nombreux qu'à Numance et qu'en regard de ces nouvelles batailles, vos victoires ne paraissent rapetissées ? Je vous vois ces yeux durs et distants que nous vous connaissions bien, les jours où la fortune ne vous paraissait pas assez docile.

Scipion. — Tu croyais savoir Ure en moi, Térence, et

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