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réservez à toute belle œuvre inspirée par la guerre. Vous n’entendez point qu’on en doute. Le commun souci de ne pas tout mélanger nous force donc à nous expliquer mieux, afin que les lignes de distinction entre les idées passent exactement par les justes points.

Écartons une fois de plus, si vous y tenez, une confusion dont tout le passé suffisait à nous défendre : on le sait bien, que cette Revue ne confondra point l’art avec le civisme, et que les croyances politiques n’y déteindront point sur les opinions littéraires. Mais gardons qu’un lecteur mal averti ne nous prête une confusion pire : la différence, commune à tous sujets, entre l’art vrai et l’art faux n’a rien à faire avec une différence entre des sujets, entre des tendances, entre des sources d’inspiration esthétiquement « pures » ou « impures ». Il n’y a point de source déjà si pure que l’art n’ait chaque fois à la clarifier ; ni de source si trouble qu’il ne la clarifie. On reviendra sans nous aux sources éternelles. Mais la source neuve et qui tarira, nous n’avons qu’un temps pour y boire ; et son eau, trop tard et trop loin puisée, n’aurait plus les mêmes vertus.

michel arnauld