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EXPLICATIONS


Une longue confiance dispense de vieux amis, des collaborateurs fidèles, de s’expliquer encore entre eux sur les termes et les raisons de leur accord. Mais essaient-ils de les expliquer au public ? Toute formule appellera complément, ou bien retouche. Plus je relis le programme publié ici-même dans le numéro du 1er juin, plus il me semble que l’expression dépasse et fausse un peu la pensée de l’auteur. Il ne faudrait pas — notre directeur tout le premier ne voudrait point — qu’elle pût donner le change sur notre pensée à tous. L’occasion s’offre ainsi de préciser des réflexions générales que nous devons retrouver maintes fois sur notre route : Comment ne pas nous demander, d’abord, si l’« indépendance » de l’art a rien à faire avec sa « gratuité » ? Et comment, s’il est question d’alléger « l’exigence de la guerre sur nos esprits », ne pas nous entendre pour éviter toute attitude, tout essai d’influence où la France pourrait perdre sans que l’art ait chance d’y rien gagner ?

Tout art n’est pas gratuit, la chose est sûre. Et peut-il exister même un art littéralement, absolument gratuit ? On s’entend bien, sans trop de peine, sur l’indépendance de l’art : une œuvre « y est » ou « n’y est pas » ; elle « existe » ou « n’existe pas » ; la tendance que par ailleurs on jugera