Page:NRF 13.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTE SUR M. DESCARTES I97

race. Et il a l'impression que ce qu'il tient de cela, ce n'est rien moins que ceci : c'est d'être récemment sorti des mains de son créateur.

Dans le silence et l'ombre de l'âme illettrée quelle est donc cette vertu profonde ; et surtout quelle est cette grâce profonde. N'est-ce pas la vertu même et la grâce du désarmement de l'ombre. N'est-ce pas la grâce même du détendement de la nuit. Les lettres ne sont-elles pas toutes des lettres d'affiches lumineuses. Les lettres ne sont-elles pas toujours des rampes de gaz. Les lettres ne sont- elles pas toujours alternatives. Les lettres ne sont-elles pas toutes des enseignes lumineuses et des appareils de publicité lumineuse et les lettres ne sont-elles pas toutes et toujours intermittentes. Les lettres ne sont-elles pas toujours celles qui brisent et qui criblent et qui crèvent la nuit.

Les lettres ne sont-elles pas toujours de ces lettres articulées qui découpent dans la nuit des publicités monstrueuses. L'homme se retourne vers sa race, vers cette longue nuit non troublée. Comme ce silence et cette ombre sont plus près de la création. Comme ils sont seuls nobles. Comme ils sont seuls près de la création. Tout le reste est industrie. Tout le reste est fatras. Tout le reste est alphabet.

L'homme se retourne vers l'innombrable, vers le tacite, vers l'immense océan de sa silencieuse race. Quelle réserve (Et lui qu'en a-t-il fait). Quel trésor secret. (Et lui ne l'a-t-il pas dilapidé). Mais surtout quel mystérieux pro- longement. Comme ces océans qui se prolongent de lati- tude en latitude, ainsi le silence premier, rompu de toute part ailleurs, s'est prolongé d'âge en âge dans le silence

�� �