Page:NRF 13.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTE SUR M. DESCARTES I95

à ce durcissement, à ce vieillissement. Que c'est la preuve qu'il n'est pas un être habitué.

Quoi qu'on écrive, (et ce serait une autre question), il y a dans l'écriture même un durcissement. Quoi qu'on fasse imprimer, (et ce serait une autre question), il y a dans l'imprimé un vieillissement et une vulgarité. (Le vul- gaire, dans ce système, étant le contraire du commun) . (Le vulgaire est de la foule, le commun est au contraire du peuple). Les jours où ça va bien, notre homme fait comme tout le monde. Il écrit et fait imprimer. Les jours où ça va mal, il se rappelle qu'écrire et faire imprimer sont les premiers durcissements et vieillissements de la mort.

Quoi qu'on écrive, il y a dans l'écriture un durcissement qui ne sera plus assoupli. Quoi qu'on fasse imprimer il y a dans l'imprimé un piétinement de mémoire que nulle abrogation n'effacera jamais. On a trop foulé ce sentier. (Quand même ce seraient de belles traces). On a trop marché sur cette route. (Quand même ce seraient des armées victorieuses). Quand l'homme était cendre et poudre, son néant même était grand. Son néant même était beau. C'était encore de la terre. Et même quand il était de la boue sa bassesse même était grande. Cette boue, c'était encore du limon de la terre. Le creux même de la route était encore de la terre et l'ornière delà route était comme un siDon. Nos malheureuses mémoires modernes ne sont plus que des macadams. Et toujours les encombrements de ces trains de bagages.

Il y a un raidissement de l'inscription, il y a un durcisse- ment de l'écriture ; et il n'y a pas seulement une dureté de l'imprimé : il y a les innombrables duretés superposées

�� �