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184 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chrétiens. Ils ne seraient pas de l'ancienne loi, ils seraient de la nouvelle. Tout ce qu'ils peuvent faire c'est d'entrer dans la catégorie de la désobéissance à la loi de Moïse.

Je n'en dirai point autant de la loi nouvelle. Je n'en dirai point autant des chrétiens. Combien de patiences, (secrètement orgueilleuses d'être des patiences) , (et d'avoir vaincu l'impatience), (et d'avoir vaincu la colère), ne sont que des détournements de l'épaule pour ne pas recevoir le coup. Combien de patiences ne sont plus que la plus savante, la plus impeccable tricherie avec la peine, c'est- à-dire avec l'épreuve, c'est-à-dire avec le salut, comme il y a une autre patience, (la même), qui est la plus savante et la plus implacable tricherie contre la race.

Combien de patiences ne sont que des inventions anesthésiques, des gardes tenues infailliblement contre la peine, contre l'épreuve, contre le salut ; contre Dieu. De mornes et sournoises abdications de la condition même de l'homme. Des platitudes calculées pour que le destin passe par dessus, ne pouvant nulle part accrocher sa prise. Des mornes et des sourds et des sournois nivelle- ments pratiqués pour que Dieu même porte à faux.

Des envasements égalitaires, des enhsements démo- crates pour que nul ne dépasse, pour que rien ne dépasse dans personne et qu'ainsi le sort, et qu'ainsi la peine, et qu'ainsi l'épreuve, et qu'ainsi le salut ; et qu'ainsi Dieu ne puisse pas jouer.

Telles sont les impiétés de toutes ces patiences. Telles sont les impiétés de toutes ces prudences. Ou plutôt telle en est la centrale impiété. Et je ne crois pas qu'il y en ait de plus grande. Telles sont leurs sagesses. Pauvres et

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