LA NOUVELLE REVUE 'FRANÇAISE ^11
jonctions par lesquelles il a toujours manifesté sa force. On verra bien si nous n'avons pas la ressource nécessaire pour rester à la fois des écrivains sans politique et des citoyens sans littérature.
Peutrêtre même essaierons-nous de donner dans la .iT-evue la preuve de notre double indépendance d'esprit. Jjssais que plusieurs d'entre nousTetiendront difficilement leurs réflexions sur les événements actuels, i sur le cours qu'ils pensent leur voir prendre, sur le sens de la guerre. Ge)ne seront jamais tout à fait des professions de foi poli- tiques: plutôt une sorte de critique et d'interprétation de l'histoire contemporaine, mais à travers lesquelles forcé- ment s'entreverra 1 une couleur politique.
Si je refuse de la définir ici, comme j'ai défini tout à l'heure notre couleur littéraire, c'est, il faut l'avouer
- fenchement, parce que je crains qu'elle ne soit plus indé-
cise, ou si Ton veut, moins uniforme. Les accidents de la guerre nous ont assez différemment modifiés et nous ont persuadés, dans l'ordre dont il s'agit, de vérités assez diverses. Nous ne savons pas encore si elles sont conver- gentes, ou même simplement conciliables. Nous avons toutefois l'espoir qu'elles se complètent et qu'au fur et à mesure que nous les exposerons ici, elles s'organiseront entre elles, comme déjà s'organisent nos idées Htté- raires.
A supposer le pire, on trouvera dans la Nouvelle Revue Française plusieurs points de vue sur la politique qui pourront se combattre, mais qui garderont entre eux ce lien et cette ressemblance d'être tous également réfléchis et sincères et de n'entraîner entre ceux qui les défendront ni haine, ni intolérance.
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