10 LA 'NOUVELLE PREVUE FRANÇAISE
a qu'àn'y plus penser, et qui -croient qu'on- peut limiter de nouveau le champ de ses préoccupations a la seule esthétique. Non seulement un tel désintéressement nous indigne ; mais encore il nous est impraticable. Pas de tour d'ivoire. Et d'abord pour cette bonne et élémen- taire raison que nous serions absolument incapables de nous en- construire une. Une^force qui dépasse infiniment nos forces nous tient rivés à l'actualité, nous inspire même également à tous le besoin de contribuer person- nellement à la solution des grands problèm«s posés par la guerre. Aucun de nous qui ne sente une ardente ^en vie de travailler dans la mesure de ses moyens à la reconsti- tution de la patrie ; certains -même, je le sais, brûlent de mettre leur bonne volonté directement au service de l'humanité convalescente.
■Simplement nous prétendons ne pas tout mélanger. La vigueur d'im ^.esprit se mesure peut-être à sa capacité de maintenir entre ses idées l'éeartement qu'il y a entre les choses qu'elles représentent. Nous avons l'ambition de nourrir à la fois, conjointes «mais séparées, des opinions littéraires et des croyances pohtiques parfaitement -défi- nies. Le seul point que nous nous défendions, c'est de laisser les unes déteindre sur les autres, pensant que ce ne pourrait arriver qu'à leur mutuel désavantage. La seule faute que prévoie notre programme serait de consentir à leur contamination : mais nous n'y tomberons pas.
Et si l'on objecte que nous nous assignons ainsi une tâche surhumaine, impossible, on verra bien. Qu'on -nous iasse seulement crédit quelque temps. On verra bien si l'esprit français est incapable aujourd'hui ide ces dis-
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