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l62 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Péguy a écrit son Descartes sur le verso des feuilles d'adresse qui servaient à V envoi des Cahiers aux abonnés. Il avait un gros tas de ces feuilles à sa gauche, oîi il puisait au fur et à mesure de ses besoins, et il en formait un autre à sa droite avec les pages qu'il venait de couvrir de son écriture fine, haute et serrée. Sur cette même table où s'élaborait ainsi le Descartes, Clio, simplement repoussée vers le bord, attendait depuis plusieurs mois que revinssent pour son auteur les loisirs et l'inspiration qui lui avaient donne naissance et permettraient de l'achever.

La Note conjointe sur M. Descartes fut d'abord conçue comme un simple renvoi de la Note sur M. Bergson, et le manuscrit est en effet paginé : i » , 2* , 3* , etc. Ce ne fut que devant le flot grandissant de ses pensées que Péguy se décida à leur accorder l'autonomie. Mais par son titre, l'ouvrage trahit encore cette origine comme latérale et parasite qu'il a eue et qui fut celle de tant d'autres productions de son auteur.

Malgré la difficulté qu'il y a à découper une œuvre de Péguy, nous devons nous résigner à ne donner de celle-ci, dans cette revue, que des fragments. Nous tâcherons de choisir les plus significatifs. Voici d'abord le début, indis- pensable pour faire assister à l'ébranlement et à la mise en train de la pensée, qui, chez Péguy, sont toujours si émouvants.

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MAIS L'ORDRE QUE J'AI TENU EN CECI A ÉTÉ TEL. Nous verrons plus tard quel a été cet ordre. Nous avons bien le temps de le voir. Ce qui importe, ce qui a marqué le monde c'est cette résolution de tenir un

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