Page:NRF 13.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée

8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

plètement révolu. Nous ferons apparaître le S3mibolisme et tous ses dérivés comme de simples moyens, désormais impuissants, de multiplier in extremis les chances de vie du Romantisme et de lui procurer encore quelque temps une sorte de respiration artificielle.

Plus simplement, nous tâcherons de déceler ce qu'il y a de périmé dans la culture des moyens d'expression pour eux-mêmes, indépendamment de leur valeur signifiante, dans les recherches purement musicales en poésie, dans la présentation l5^que des faits, dans la fixation directe des états de la sensibilité, dans la manière, si l'on peut dire, globale d'exprimer la réalité psychologique.

Nous dirons tout ce qui nous semble faire prévoir une renaissance classique, non pas textuelle et de pure imi- tation, comme les disciples de Moréas et les écrivains de la Revue Critique l'entendaient et la définissaient avant la guerre, mais profonde et intérieiu-e. Nous accueillerons la revendication de l'intelligence qui cherche visiblement aujourd'hui à reprendre ses droits en art ; non pas pour supplanter entièrement la sensibilité, mais pour la pé- nétrer, pour l'analyser et pour régner sur elle. Quand on songe au raffinement prodigieux que le Romantisme et le Symbohsme ont introduit dans nos sensations, quand on réfléchit à tout ce dont ils ont enrichi le cœur, et quand on imagine l'intelligence venant inventorier ces richesses et leur communiquer sa forme, quand on se représente l'énorme amas d'impressions et d'émotions accumulé par l'âge précédent peu à peu soumis à la pensée claire, on obtient, nous semble-t-il, une vue vraiment exaltante de l'avenir qui s'offre à nous. Nous le favorise- rons de notre attente, nous lui donnerons notre foi et nous

�� �