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146 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fierté française, de l'art français, avant cette guerre qu'il avait prévue. On montrera comment le point de vue de Mithouard tentait d'embrasser le champ le plus vaste, soit qu'il mariât, dans son classicisme, la cathédrale, Nicolas Poussin et Renoir, soit qu'il étendît la terre natale et son amour pour elle jusqu'aux marches de l'Occident. Catho- lique romain, il fut l'homme de toute la France, de toutes ses époques et de tout son rayonnement, il s'efforça de faire de sa cause la cause de l'Europe et de la Chrétienté. Il semblait entre tous désigné, durant nos épreuves, pour la représenter devant le monde, en qualité de « maire de Paris ». Il le fut. A défaut du titre, il en eut le prestige et la force d'âme. Par sa bouche, Paris parla vraiment français. A une époque où l'éloquence eut tant d'occasions de se montrer, telle de ses harangues se place parmi les plus belles, tout à côté de celles de nos grands chefs militaires, des ordres du jour de Joffre, de Foch et de Pétain, de l'allocution immortelle du général FayoUe aux hauts notables de Mayence. C'est que son métier n'était pas de parler ; il pariait comme il écrivait, pour agir, dans la conviction de l'acte. C'est qu'il voyait les choses de plus prés et qu'il les étreignait avec plus de virilité et de tendresse que ne le pourra jamais faire un politicien ou un orateur de métier — je ne dis pas un politique. Laissant de côté les vertus privées qu'ont appréciées ses amis et les talents que les amis de l'art regrettent, j'estime qu'il convient de saluer aujourd'hui sa mémoire dans le rôle civique qu'il tint jusqu'à la mort. Adrien Mithouard se montra digne de la France, quand juste- ment elle atteignait au plus haut point de dignité.

HENRI GHÉON

BELPHÉGOR (Essai sur l'esthétique de la présente société française) par Julien Benda (Emile-Paul, 19 18). Nous n'avons pas toujours été tendres ici pour M. Benda.

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