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124 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

barras devant le mot palma et sa surprise de s'apercevoir que la langue allemande avait bien un mot pour désigner le dos de la main, mais nul mot pour en désigner l'intérieur.

— Tout au plus, peut-on dire Handflaechen : la plaine de la main. L'intérieur de la main, une plaine ! s'écria-t-il. Par contre, Handruecken est d'emploi constant. Ainsi, ce qu'ils considèrent c'est le dos de la main, cette surface sans intérêt, sans personnalité, sans sensualité, sans douceur, cette surface qui s'oppose, de préférence à la paume tiède, caressante, douce, où se raconte tout le mystère de l'individu !

A force de fouiller dans le Grimm, il découvrit enfin le mot : Handteller, avec quelques exemples empruntés au xvi® siècle.

— Mais, disait-il, c'est la paume d'une main qui se tend pour quêter, pour mendier, qui fait office de sébile. Quel aveu dans cette insuffisance de notre langue !

Une fois de plus, je pouvais constater l'irritation si révélatrice d'un écrivain allemand contre sa propre langue; irritation que j'ai déjà notée par ailleurs et que je ne sache pas qu'aucun écrivain d'aucun autre pays ait jamais connue. (Il est bon de noter ici que Rainer Maria Rilke, un des plus grands poètes de l'Allemagne actuelle, est de race tchèque.)

— Mais, s'écria mon amie danoise, après que je lui eus donné lecture de cette page, mais nous non plus, hélas ! nous n'avons pas de mot... mais dans aucune des langues Scandinaves il n'existe de mot spécial pour désigner la paume de la main. Les remarques philologiques de Rilke que vous rapportez, sont en effet révélatrices, mais faites attention que les conclusions que vous en tirez, débordent la race allemande et que si vous prétendez en

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