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I060 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Mais voilà que nous y pénétrons. Presque tout l'espace intérieur, qui s'éclaire du haut, est pris par une statue colossale de l'Erreur Scientifique. Cette déité emprunte l'apparence d'une femme robuste, lourdement vêtue. Plusieurs enfants parés de robes diverses se pressent contre ses genoux. Elle les caresse et les enveloppe d'un geste de la main droite. Sa main gauche tient une corne d'abon- dance. Une discrète indication du modelé nous révèle que l'Erreur Scientifique est enceinte.

L'autre foyer de la place porte le monument le Trouhadec. L'artiste ne s'est point laissé commander par l'exemple de ces statues dont son enfance eut les yeux pleins : le Gamhetta du Csirrousel, ou les deux pharmaciens fébrifuges. Certes, le Trouhadec debout, dési- gnant d'une main un atlas, de l'autre le reste de l'univers, on y devait songer.

Mais ce que nous contemplons, ce qui est proposé à la méditation d'un peuple, c'est le Trouhadec assis dans son vieux fiacre, carrefour de Buci, un peu après cinq heures quinze du soir. Rien ne manque à notre enseignement, ni les lunettes, ni le chapeau de paille noire, ni le cheval, si éloigné de toute forfanterie, ni le cocher. Tout le monu- ment est orienté face au temple de l'Erreur Scientifique. Il n'est pas possible que le cocher se trompe de chemin.

Si nous avions le temps, nous nous plairions au détail du socle. Deux bas-reUefs y retracent allégoriquement la création de Donogoo-Tonka par le Trouhadec. Deux inscriptions commémorent quelques faits décisifs. Mais notre attention est accaparée par l'énorme foule qui couvre la place. Deux tribunes se font vis-à-vis. Dans l'une, siègent M. le Gouverneur, Bénin, Lesueur, et quel-

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