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1024 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le troisième est plus dangereux. Il ne semble troublé ni par l'aspect du lieu, ni par le souci de sa propre contenance. Le banquier ne s'occupe réellement que de lui.

Ces messieurs viennent décrire certaines inquiétudes dont un groupe d'actionnaires se sent envahi. D'absurdes calomnies se propagent sur le compte de la Donogoo- Tonka. Le cours des actions en a subi l'effet. Ces messieurs aimeraient qu'à cette campagne il fût répondu par des arguments décisifs. La Direction est-elle en mesure de les fournir ?

Le banquier déclare qu'il s'associe aux légitimes préoc- cupations des actionnaires. Mais on ne doit nourrir aucune crainte sérieuse. L'affaire passe par un temps mort. Pas une crise ; un temps mort, simplement. Il est donné un effort considérable dont les résultats n'apparaîtront qu'un peu plus tard. Il faut avoir confiance. Et quant à telles calomnies par trop stupides, haussons les épaules.

Du reste, si l'un de ces messieurs disposait de quelques loisirs, la Direction serait enchantée de s'entretenir plus longuement avec lui, de l'initier au détail nécessairement confidentiel de l'entreprise et même de lui faciliter un voyage d'études.

Le troisième actionnaire, directement visé, ne sort pas de sa réserve ; mais il n'y a rien, dans son regard, de franchement hostile, rien d'irréductible.

L'entrevue s'achève sans trop de malaise.

Pourtant le banquier, demeuré seul, prend une mine fort soucieuse.

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