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RIMBAUD 43

éternelles... les échapperons-nous ?... " ^ Quelque chose lui manque ; les moyens sont trop simples ou trop difficiles ; il a gâché ses forces : " Ma vie est usée " ^ Il ne saura plus s'en servir que pour s'amuser, que pour " quereller les apparences du monde. " ^

" Alors, — oh ! — chère pauvre âme, l'éternité serait- elle pas perdue pour nous ! " *

Pourtant il se rassure (Matin). Car de nouveau la vision vient se placer devant lui, dans l'avenir. Bien qu'il ne puisse pas évaluer avec exactitude à quelle distance, il sait du moins qu'il n'y a besoin que d'avancer pour la rencontrer, pour s'emparer du bonheur qu'elle promet. II la voit enfin se fixer et l'attendre :

" Du même désert, à la même nuit toujours mes yeux las se réveillent à l'étoile d'argent, toujours, sans que s'émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le cœur, l'âme, l'esprit. Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer — les premiers ! — Noël sur la terre ?

" Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves, ne maudissons pas la vie. " ^

La certitude du poète désormais est parfaite. Il sait que l'image qui le hantait est celle d'une réalité future.

^ Une Saison en enfer : V Eclair , p. 302.

' Ibidem^ p. 303.

^ Ibidem, p. 303.

  • Ibidem, p. 303.

" Une Saison en enfer : Matin, p. 305.

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