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RIMBAUD 41

ment de le rendre à son état primitif de fils du Soleil, — et nous errions, nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule. " ^

Mais il n'éclate sous sa forme vraiment explicite que dans la Saison en Enfer. On le voit se développer à mesure qu'on avance dans le poème. Il se dégage du motif de l'enfer, il passe au travers de l'oppressante atmos- phère du début et peu à peu, en grandissant, il la dissipe. La composition de l'ouvrage est essentiellement drama- tique ; il s'y passe quelque chose en effet ; il y a une action, qui est la recherche par l'âme d'un état où l'inno- cence soit de nouveau possible. La façon dont l'image de cet état peu à peu se détermine, se fixe, impose sa véritable nature : voilà ce qu'il nous faut maintenant raconter.

Elle est devant les yeux de Rimbaud au moment même où il étouffe le plus sérieusement. Il ne sait pas d'abord si c'est l'image d'une réalité, ou seulement un fantôme consolateur. Simplement il la voit et il y trouve apaisement.

Mais il ne peut s'empêcher de la presser, de vouloir la comprendre. Et sa première erreur [P Impossible) est de croire qu'elle n'est que le souvenir d'un état passé, d'une sagesse oubliée : " Je vois que mes malaises viennent de ne m'être pas figuré assez tôt que nous sommes à l'occi- dent. " ^ " Je retournais à l'Orient et à la sagesse première et éternelle. " ^ Mais tout de suite il s'aperçoit que sa vision est de quelque chose de plus ancien que l'histoire,

' Les Illuminations : Fagabondsy p. 241.

■ Une Saison en enfer -. L'Impossible, p. 298.

^ Ibidem, p. 299.

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