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34 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

faisons toutes les grimaces imaginables. " ^ Il a beau s'ofirir à tout, se jeter dans tous les sens ; il ne peut pas ; U ne sait pas ; et d'ailleurs on n'a pas besoin de lui ; il se retrouve vacant et brisé, seul avec son mal, qui est d'être intact : " Ah ! je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfec- tion. " ' Pour ne pas souffrir il faudrait qu'il pût se tenir un peu au dessus de la vie, dans un état d'imperceptible légèreté. Mais mystérieusement toujours quelque chose vient le renfoncer. Il a beau vouloir s'évader : " On ne part pas. " ' De nouveau il est en proie aux mille mor- sures de l'imperfection, aux cruelles atteintes de la médiocrité terrestre : " C'est l'enfer, l'éternelle peine ! " * Et de nouveau la brûlure du contact avec la vie le réveille, le fait sursauter : " C'est le feu qui se relève avec son damné ! " ^

Si nous demandons par quoi la vie est ainsi corrosive pour cette âme, voici la réponse : comment sa dureté

    • intraitable " ^ ne sentirait-elle pas comme du feu la

rencontre avec ce monde fléchi, entamé, plein d'usure et d'ancienneté ? La flamme qui la brûle, c'est la facilité, l'arrangement, le tant bien que mal de toutes choses : " Pour le corps et pour l'âme — le viatique — on a la

  • Une Saison en enfer .• Nuit de V enfer, p. 274.
  • Une Saison en enfer : Mawvais Sang, p. 262.
  • Ibidem, p. 261.
  • Une Saison en enfer : Nuit de P enfer, p. 270.
  • Ibidem, p. 274.
  • Cf. " Encore tout enfant, j'admirais le forçat intraitable sur qui

•e referme toujours le bagne, " (Une Saison en enfer : Mauvais Sang, p. 163.)

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