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32 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chantait dans le supplice ; je ne comprends pas les lois ; je n*ai pas le sens moral, je suis une brute : vous vous trompez. " ^ Il recule avec son regard flamboyant ; sou- dain transfiguré, il est Tange aux abois ; il refuse, il se retranche, il interdit qu'on s'approche. Comment s'expli- querait-il ? Il ne peut rien plaider ; il n'a rien à montrer que sa forme intacte ; il est devant nous sans armes et scandaleux.

Nous voilà maintenant presque au corps à corps avec l'innocence de Rimbaud. Dans la Saison en Enfer elle ne prend plus de symboles pour se manifester. Elle se montre elle-même, elle s'explique suivant une logique capricieuse, mais parfaitement définie, et qu'il nous faut essayer de déchiffrer.

Comment ne pas la reconnaître d'abord dans le motif de l'Enfer ? Une saison en enfer : c'est-à-dire le temps que l'être sans péché demeure avec nous. L'enfer de Rimbaud n'est pas ailleurs qu'ici-bas. " J'avais entrevu la conversion au bien et au bonheur, le salut... Et c'est encore la vie ! " * " Je me crois en enfer, donc j'y suis. " ' " Ciel ! sommes-nous assez de damnés ici-bas 1 " * "La théologie est sérieuse, l'enfer est certainement en bas, " ^ L'enfer est simplement d'être maintenu en ce monde par la pesanteur, d'être engagé au milieu de nous. Il est immédiat, présent, tangible. Pas besoin de voyage

  • Uni Saison en enfer : Mauvais Sangy p. 264.

' Une Saison en enfer .• Nuit de V enfer ^ p. 270-271.

' Ibidem^ p. 271.

  • Une Saison en enfer : V Impossible ^ p. 298.
  • Une Saison en enfer .• Nuit de V enfer, p. 272.

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