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NOTES 315

rance et dont le feuillage se dessèche et tombe, dès l'instant qu'elles lui manquent. L'Espérance a tari dans cette grande âme qui avait trop abusé d'elle...

" Lamartine est un génie primitif dans lequel notre civilisa- tion, les affaires, la politique, viennent de verser leurs détritus... Il ne veut plus, ne peut plus chanter... Nul poète plus que celui-là n'a aimé à aimer. Sa tendresse d'imagination est divine. Ce monde, disait-il, est un océan de sympathies dont nous ne buvons qu'une goutte, quand nous pourrions en absorber des torrents.... Il avait des relations et des amitiés par toute la nature.... Quand ces rapports furent rompus et qu'il n'eut plus devant les yeux un accueil de joie et d'admiration, son cœur fléchit, cessa de vouloir porter sa destinée... Il est incapable d'exprimer des sensations, des pensées mal accordées avec la nature de son âme, et la vie ne lui apporte plus que ces impre- ssions... Il a la générosité, la vertu de se taire. Il était né pour faire à la nature un perpétuel commentaire d'admiration. Quand la vie lui a révélé le mal, lui a suggéré ce qui décourage, il s'est tu.... Il s'est tu quand ses paroles n'étaient plus dispen- satrices de bonheur.... Il s'est refusé aux œuvres de colère.... Il n'a jamais blasphémé. "

M. A.

��FANTOMES ET VIVANTS, souvenirs des milieux litté- raires, politiques, artistiques et médicaux de 1880 à 1905, première série, par Léen Daudet (Nouvelle Librairie Nationale).

" Je commence, avec ce volume, la publication de mes sou- venirs ", dit M. Léon Daudet, et il nous donne les raisons pour lesquelles, au contraire de l'usage, il livre '* au public des mé- moires avant les portes de la vieillesse et de la décrépitude." A proprement parler ce ne sont pas là des mémoires suivis, ce sont des épisodes et des portraits, d'un plan tout à fait analogue aux

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