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��NOTES

��LA LITTERATURE

��L'ABDICATION DU POETE, par Maurice Barrés (Georges Crès).

Ni la décomposition de Venise, ni le délabrement des églises de France ne surpassent en pathétique la vieillesse désolée d'un Lamartine ; et l'on ne s'étonne point que M. Barrés ait inter- rogé le mystère de cette grande âme, longtemps ardente, où les flammes du lyrisme et du génie oratoire semblent, en s'éteignant, n'avoir enfin laissé qu'un peu de fumée et de cendre amère.

Huit recueils de vers se sont succédés des premières Médita- tions (1820) aux Recueillements poétiques (1839) ; les chants des trente dernières années ne remplissent qu'un maigre volume de Poésies Inédites. Bien avant la Révolution de 1848, bien avant VHistoire des Girondins, Lamartine se détourne de la poésie et tend vers l'action. Selon ses idées, chacun jugera s'il a commis une erreur politique, et si ce pur aristocrate a trahi sa vraie nature en s'orientant vers la démocratie. Du moins y fut-il porté par une exigence tout intérieure ; on fausserait le sens de sa vie en ne voyant là qu'une vocation factice suscitée par les influences du dehors.

La plaquette de M. Barrés débute par le souvenir d'un " déjeûner lamartinien ". Le maître de la maison est M. Jules Caplain, " un ancien officier, excellent patriote et petit-fils de ce M. Duboif de Cluny qui fut le voisin de campagne et l'ami du

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