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— Ah ! madame, quel blasphème proférez-vous là ? s’écria Cabarot qui vit se peindre dans son imagination le profil d’une bosse. Je suis bien certain que vous exagérez quelque léger défaut tout à fait insignifiant. D’ailleurs, serait-il vrai que mademoiselle votre fille pût manquer absolument de beauté, que sont les fragiles avantages des charmes physiques dans la vie du ménage ? Ses grâces et son esprit…

— Sans doute, dit M. Irnois, mais elle ne dit jamais mot !

— Les vertus dont elle est douée ! s’écria le comte Cabarot avec un redoublement d’enthousiasme, oui, ses vertus, voilà ce qui m’attache à elle ! Croyez-moi, je n’ai jamais ambitionné qu’une épouse vertueuse et sage ! Mais ne pourrais-je voir la belle et touchante Emmelina ? ne me sera-t-il pas permis de déposer à ses pieds mêmes l’hommage de mon cœur ? Vous comprenez mon impatience et…

Une crainte subite vint serrer le cœur de Mme Irnois :

— Je vous avertirai d’une chose, dit-elle.

— Et de laquelle ? s’écria le comte prêt à souscrire à tout, à ne se laisser arrêter par aucune difficulté, à accepter toutes les conditions, au moins provisoirement.

— Je vous prie de remarquer que ma fille est une enfant, et qu’il ne faut pas supposer mal des manières qu’elle pourra avoir avec vous. Elle sera peut-être un peu plus affectueuse qu’il n’est d’usage.

« Peste ! songea Cabarot, il paraît que c’est une égrillarde ! On y veillera. »

Il ajouta tout haut :

— Caractère franc et sans façon : c’est un gage de bonheur à ajouter à tant d’autres.