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pas à se contenir. Jamais on n’avait entendu chanter Emmelina. Quand Jeanne vint la prendre dans ses bras pour l’emmener coucher, on l’entendit gazouiller des notes confuses aussi gaies que l’oiseau puisse en conter aux arbres des bois.

À peine Emmelina sortie, la bombe éclata : M. Irnois tomba dans un accès de colère et de désespoir qu’il ne chercha plus à contenir ; et les femmes, bien que faisant chorus avec lui, ne purent esquiver une bonne partie de ses reproches. Il les accusa d’avoir reçu Cabarot en son absence, d’avoir souffert que Cabarot lui enlevât l’affection de sa fille, d’avoir par sottise féminine monté la tête à une enfant innocente ; il les accusa, bref, de son mieux, et elles se défendirent autant qu’elles purent. Au fond, elles se croyaient ensorcelées, comme aussi leur fille et nièce ; car jamais de leur vie elles n’avaient aperçu l’ombre d’un homme qui s’appelât Cabarot, et deux heures auparavant elles auraient encore juré qu’Emmelina ne le connaissait pas plus qu’elles. Mais, maintenant, elles ne savaient plus à quoi s’arrêter. C’était donc une désolation générale, mêlée de curiosité ; car, enfin, il devait y avoir un mot à l’énigme, et le temps, certes, le ferait connaître.

Le lendemain à midi, le secrétaire intime, remplissant les fonctions d’introducteur, annonça dans le salon qu’un monsieur demandait à voir Mme Irnois.

— Comment s’appelle-t-il, ton monsieur ?

— Il dit qu’il s’appelle le comte Cabarot.

— Ah ! grands dieux du ciel ! s’écria toute l’assemblée ; monsieur Irnois, faites entrer ce monsieur !

M. Irnois alla en rechignant, mais poussé par la sainte