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que j’allais être emprisonné, fusillé, égorgé, massacré ! Je me trouvai près de m’évanouir ; et il parait même que je m’affaissais, car je fus soutenu dans les bras d’un misérable !… C’était, le croiriez-vous, ce misérable auquel l’Empereur veut que je donne Emmelina, qui osait m’empêcher de tomber ! Je le regardai d’une façon !… comme l’Empereur m’avait regardé ; mais cela ne lui produisit pas le même effet. Au contraire, il me fit une grimace en façon de sourire, et me dit : « Mon cher Monsieur Irnois, notre connaissance arrive un peu brusquement ; mais n’en soyez pas moins sûr de mes respects ; nous avons des amis communs ! — Je ne crois pas, lui répondis-je avec ce ton que vous me connaissez, je n’ai pas d’amis ! » Il ne fut pas étonné ; et il me dit en me saluant : « J’irai présenter mes hommages respectueux à Mme Irnois demain, sans faute. — Je serai sorti ! m’écriai-je. — L’Empereur vous ordonne de rester chez vous, toutes les fois que je vous en avertirai », me répliqua-t-il en me regardant dans les yeux. J’eus peur, et je m’en revins. Concevez-vous une pareille position !

— C’est monstrueux ! s’écrièrent les femmes.

— Il vient demain, le monstre ? demanda Mlle Julie.

— Demain ! dit M. Irnois.

— Eh bien ! je suis d’avis, poursuivit la vieille fille, qu’on lui dise son fait en trois mots : « Vous n’aurez pas Emmelina ! vous ne l’aurez pas ! ah dame ! »

— Sotte que vous êtes ! hurla M. Irnois ; il ira chercher la gendarmerie, et je serai traîné en prison !

— Aimez-vous mieux la mort d’Emmelina ? dit la mère.