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que les plus beaux principes y ont aussi quelquefois des applications fâcheuses, plus d’une avidité subalterne profita des sentiments de l’Empereur, et se faufila, par leur moyen, dans des familles qui ne voulaient pas l’accueillir.

Il y avait, en 1811, au Conseil d’Etat, un certain comte Cabarot dont les services étaient fort appréciés, et qui était en effet un homme de mérite. Petit avocat avant la Révolution à je ne sais quelle cour souveraine, il avait sucé avec le lait, dans la famille de basoche dont il était issu, une érudition judiciaire vraiment profonde. Dès son plus bas âge, Cabarot avait entendu parler chicane ; les coutumes, la loi romaine, toutes les lois imaginables, lombardes, bourguignonnes, franques, et jusqu’à la loi salique, avaient été les constantes occupations données à son cerveau par l’auteur de ses jours. Petite merveille donc s’il se fut trouvé à trente ans, dans le barreau, un des hommes les mieux instruits. Envoyé à la Convention, mais orateur peu disert et trembleur parfait, il s’était rejeté dans la pratique silencieuse des affaires. Sous le Directoire, le citoyen Cabarot s’était fait remarquer dans les bureaux des ministères. On l’avait employé avec succès à toutes sortes de besognes : dans ce temps-là les gens de plume devaient être un peu des Michel Morin. Cabarot avait été ministre plénipotentiaire, puis commissaire de je ne sais quoi, puis chef de division à la Justice, puis beaucoup d’autres choses. Bref, Bonaparte, le voyant si expert, le prit et le mit dans le Conseil d’Etat, où sa vaste érudition en matière légale acheva de le rendre agréable au maître. On l’avait fait comte.

Encore une fois, Cabaret était… je veux dire le comte Cabarot était un homme érudit et distingué par ses connaissances