246 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
malheur, et le leur, ce qui m'importe peu. On a abusé de mon innocence. Oh 1 l'idée du baptême. Il y en a qui ont vécu mal, qui vivent mal, et qui ne sentent rien ! C'est mon baptême et ma faiblesse dont je suis esclave. C'est la vie encore ! Plus tard les délices de la damnation seront plus profondes. Je reconnais bien la damnation. Un homme qui veut se mutiler est bien damné n'est-ce pas? Je me crois en enfer donc j'y suis. Un crime, vite, que je tombe au néant, par la loi des hommes.
Tais-toi. Mais tais-toi ! C'est la honte et le reproche à côté de moi ; c'est Satan qui me dit que son feu est ignoble, idiot; et que ma colère est affreusement laide. Assez. Tais-toi ! Ce sont des erreurs qu'on me souffle à l'oreille, les magies, les alchimies, les mysticismes, les parfums maudits^, les musiques naïves. C'est Satan qui se charge de cela. Alors les poètes sont damnés. Non, ce n'est pas cela.
Et dire que je tiens la vérité. Que j'ai un jugement sain et arrêté sur toute chose. Que je suis tout prêt pour la perfection. Tais-toi^ c'est l'orgueil ! à présent. Je ne suis qu'un bonhomme en bois, la peau de ma tête se dessèche. Ah ! mon Dieu ! Mon Dieu. J'ai peur, pitié. Ah ! j'ai soif. O mon enfance, mon village, les prés, le lac sur la grève, les clairs de lune quand le clocher sonnait douze. Satan ^ est au clocher... que je deviens bête. O Marie, Sainte Vierge. Faux sentiment, fausse prière.
��» Au dessus de la ligne : faux. ' Au dessus de la ligne : le diable.
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